Beth, Katy, Pink, Adele et les autres… grosseur, normes et musique mainstream

Bon je dois bien avouer ma passion pour la musique mainstream, je suis fan de lady gaga et je guette la sortie de chaque nouveau clip de Britney Spears, je regarde des docus bidons sur les peoples et je me régale…
Mais bref, vu que tout est politique et que je suis une acharnée de l’analyse, je cherche du crypto féminisme partout. Je suis une fondue de clip, les chaines musicales ont changé ma vie, je peux passer des heures à zapper d’une chaine à l’autre sur des playlists d’une heure et demi pour trouver LA nouveauté, LE truc que j’ai jamais vu ou veiller toute la nuit pour voir des titres moins commerciaux ou plus old school. Je ne peux m’empêcher de constater une nouvelle tendance dans les numéros uns des charts. comme qui dirait un rapport nouveau aux normes et par là même à la grosseur. Je suis à la fois contente et en même temps je me demande si c’est du lard ou du tofu.
Ca fait un petit moment qu’on voit des gros culs à la télé (toutes proportions télévisuelles gardées), parce que c’est ça une « vraie » femme et aussi parce que la mode est au reggaeton et au shake ton booty. Mais jusque là le gros cul qu’il soit en arrière plan comme dans les clips rnb, ou la vedette même comme dans ceux de Beyonce, était hyper valorisé et sexy. Ce genre de gros cul peut éventuellement se poursuivre jusqu’au début de la cuisse et s’accompagner de gros seins, mais ne peut en aucun cas déroger à la norme de sexitude dominante.
Partant de cet affligeant constat, j’ai été plutôt surprise par le clip de Pink « raise your glass ». On sait qu’elle fait pas trop dans la dentelle et qu’elle est plutôt provoc, et même si on peut se demander quel est son but (vendre toujours plus?), ça fait un peu du bien. Une chanson qui donne la pêche et qui dit que si on est « moche » si on est « à part » et si on est pas un-e winneureuse social-e on peut en être fière. Une chanson pour tous les perdant-es les « little freaks » qui les exhorte à faire du bruit. Grosso modo.
Mais alors le clou du spectacle, ce qui nous intéresse vraiment sur ce blog c’est les 15 premières secondes. On y voit une jeune fille bien grosse (rien à voir avec le gros cul précité) qui est à table avec deux autres nanas, littéralement en carton, et qui pique dans leur assiette et finit par renverser d’une pichenette une des silhouettes en carton. Bon le clip est dessous si jamais la description est pas assez claire.

Et puis autre surprise quasi simultanée, Katy Perry qui nous sort une chanson du même acabi, qui dit qu’on ne devrait pas se sentir comme du gâchis d’espace ou comme un sac en plastic parce qu’on est tous des feux d’artifice. Et parmi les homsexuels-placards-mais-qui-finissent-par-oser-se-montrer, les enfants leucémiques regaillairdis face au bonheur de la vie et de l’accouchement, les gamins qui subissent les engueulades des parents, des types qui se font racketter mais qui triomphent du mal, au milieu de toute cette joyeuse clique qui retrouve confiance en elle pendant que les seins de Katy Perry crachent des étincelles, il y a ma cousine….
Si, si, je vous jure, ma cousine, une jeune fille rondelette à mèche qui est hyper à la mode et tout, mais un peu trop fat pour ce monde alors qui se tient toujours les mains devant le ventre, qui fait justement super gaffe à sa manière de s’habiller: comme tout le monde mais on ne peut pas tout se permettre quand même. Et bien cette jeune fille est au bord d’une piscine toute habillée pendant une soirée au milieu d’une foule d’adolescent-es sveltissimes. Elle refuse l’invitation de ses potes à se baigner. Mais finalement grâce à la maigrichonne Katy Perry lui recommande de leur montrer ce qu’elle vaut, elle se dessape et se jette à l’eau le bide flageolant. La classe.
Pareil, la description en image là dessous.

Alors bon, si je suis partagée c’est surtout par la récupération de discours politiques et qui touchent à l’émancipation comme au concept de « freaks » pour en faire un aime toi et le monde t’aimera. Jamais le monde n’est questionné, il est juste méchant parce qu’il accepte pas ce qui diffère de la norme, mais le pourquoi est la question que quand on est une star à millions d’albums, on ne pose pas.
Et puis la tendance s’affirme, avec « Born this way » de Lady Gaga (qui ne vaudra jamais, entre nous soit dit, le « express yourself » de Madonna) qui, si on omet ses références à dieu qui nous a crée tels que nous sommes, est aussi une forme de discours de l’acceptation de soi. Mais, il y a pas à dire les images des corps proposées sont nettement plus normées.
Autre tendance notable, dans les figurantes des clips apparaissent des grosses. comme par exemple deux meufs différentes dans le clip controversé de Rihanna S&M
Mais là aussi c’est à la fois chouette et à la fois déroutant surtout connaissant la politique des quotas aux états-unis, qui à ma connaissance n’inclut pas encore les gros-ses, mais qui est bien présente tout de même.
Alors les questions que je me pose sont à propos de la théorie du moins pire. C’est sur que ça fait du bien un peu de représentations de corps pas normés (encore que…) à la télé, et un discours qui donne de la force aux personnes qui se sentent concernées, mais est-ce que ça sert pas seulement à dépolitiser les normes sociales, à renforcer encore une fois un discours de la tolérance et de la bonne conscience. Et puis quel sens ça a de la part de star méga-bombasses, pourquoi on parle des premier-es concerné-es mais ce ne sont jamais des stars ?
Alors oui, ça peut-être des stars. Regardez Beth Ditto et les Gossip, elle s’assume, elle se montre. Mais quand la presse people parle d’elle c’est toujours pour rappeler qu’elle a une voix sensationnelle, quand des autres on ne parle que de leurs fringues et de leurs corps de rêves.

Ceci dit, tant mieux qu’on reconnaisse son talent pour ce qu’il est. Mais quand le corps de Beth Ditto est mentionné c’est seulement pour dire qu’elle est belle « quand-même », qu’elle « ose » se montrer, qu’elle s’assume et que c’est super. Et trois pages plus tard, les conseils minceurs de l’été.
Autre grosse sur le devant de la scène Adèle, chanteuse qui commence à bien marcher. Mais alors le traitement de son corps dans ses clips est juste affreux. Elle est toujours filmée avec un jeu de contraste hyper fort, sur maquillée pour avoir une peau parfaite, surcoiffée pour montrer qu’elle prend soin d’elle, qu’elle se met en valeur. Elle est surtout filmée en gros plan sur ce qui « l’avantage », ses yeux bleux par exemple, faut bien dire que « malgré tout » elle a au moins la décence d’avoir un visage normé. Toujours assise et jamais protagoniste de l’action des clips. Elle chante des choses qui arrivent à des gen-tes minces, il ne s’agirait pas de l’oublier. Mais tout le monde médiatique salue son talent (encore!) et sa capacité à être ronde-et-belle, jamais on ne dira à personne qu’ille est mince-et-beau/belle.

Quand est-ce qu’on remet en question les normes en général et par exemple les codes qui régissent la féminité, dont ont couvre les fameuse pas-normées-mais-belles-et-talentueuses-quand-même pour compenser qu’elle ne font pas un 36?

Voilà c’était un petit post léger pour l’été, ça change des conseils beauté et des régimes. Et puis c’est l’été, alors profitons-en mangeons des glaces à nous en faire éclater les « rondeurs » pour faire chier les bikinis.

A bientôt.

.L.